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lundi 24 mars 2014

La Reine des neiges (4)

Je présente ci-après la quatrième partie de la traduction qu’un étudiant a faite d’un article paru dans le magazine Time du 24 février 2014. Ce billet comprend l’original (A), la traduction de cet étudiant (B) et la mienne (C), ainsi que des notes.

A

Snowball Effect (1)

There's no denying (2) that Frozen has a certain je ne sais froid (3), but not everyone agrees on what exactly it is (4). "For me, it's the characters," says Rosenberg, who spent weeks working on her insanely accurate Princess Anna costume before commemorating (5) the effort (6) with an elaborate photo shoot. "It's how they relate to me that makes me want to be them."

Based on Hans Christian Andersen's 1845 story "The Snow Queen," the film offers compelling heroines who face dilemmas that have strong modern-day parallels. Queen-to-be Elsa has the power to control ice and snow, but everyone she loves tells her to hide it, lest she tear her kingdom apart. Her sister Anna doesn't have mystical gifts but is so dedicated to her older sibling that she comes on like an avalanche (7) when Elsa finds herself in a tough spot. The message is about (8) being yourself—even if your family doesn't get you— and the value of sisterhood. There's a charming prince and a plot point about the power of true love, but neither is what audiences might expect from the studio that made marriage-plot classics The Little Mermaid and Sleeping Beauty.

The experts (9) agree, and Peggy Orenstein, the author of Cinderella Ate My Daughter, is one of them. "There were things that [the filmmakers] were clearly thinking about to be contemporary about girls and women," Orenstein says. She sees it as a step forward, even though she quibbles with how Elsa's story links female empowerment with "getting hot." When Elsa finally accepts her magical powers, she "suddenly comes out looking like a country singer onstage, like Taylor Swift," Orenstein says.

1) Comme dans le reste de cet article, la journaliste accumule jeux de mots dépourvus d’imagination, formules toutes faites et clichés. Le traducteur peut s’en affranchir, mais seulement dans certaines limites.

2) Encore une formule toute faite.

3) Reconnaissons qu’ici le trait d’esprit fait mouche.

4) Style plat.

5) Emploi d’un terme impropre.

6) Paresse dans le choix des mots.

7) Jeu de mots banal.

8) Expression dépourvue d’imagination.

9) Experts en quoi ? Dessins animés ou féminisme ?

B

Effet boule de neige

Il faut bien admettre que La Reine des neiges a un certain 'je-ne-sais-froid' (1), mais personne ne s'accorde à dire ce dont il s'agit (2). "Selon moi, ce sont les personnages," (3) dit Rosenberg (4), qui a passé des semaines à travailler sur le costume incroyablement précis (5) de la princesse Anna avant de commémorer (6) l'effort (7) (8) avec (9) une séance photo détaillée (10). "C'est le lien qu'ils ont avec moi qui me donne envie d'être eux.

Le film, basé sur l'histoire (11) de Hans Christian Andersen "La Reine des neiges" en 1845 (12), offre des héroïnes envoûtantes qui font face à des dilemmes qui présentent de forts parallèles contemporains. Elsa, la Reine en-devenir (13), possède le pouvoir de contrôler (14) la glace et la neige, mais tous ceux qu'elle aime lui disent de le cacher, de peur qu'elle (15) détruise le royaume. Sa soeur, Anna, (16) n'a aucun don mystique (17), mais est tellement dévouée à sa grande soeur qu'elle arrive comme une avalanche quand Elsa se trouve dans une situation difficile. Le message est d'être soi-même, même si votre famille ne vous comprend pas, (18) et est à propos (19) de l'importance de la solidarité féminine (20). Il y a (21) un prince charmant ainsi qu'un rebondissement en ce qui concerne (22) le pouvoir du véritable amour, mais cela n'est pas ce que le public pouvait attendre du studio qui a produit les classiques du mariage (23) La Petite Sirène et La Belle au Bois Dormant.
Les experts sont d'accord et Peggy Orenstein, l'auteur de Cendrillon a mangé ma fille est l'une d'entre eux. "Il y avait certaines choses auxquelles [les producteurs] ont clairement pensé pour être dans l'air du temps en ce qui concerne les filles et les femmes," (24) déclare Orenstein. Elle voit cela comme un pas en avant, même si le fait que l'histoire d'Elsa lie la responsabilité (25) et 'être hot' (26) la gêne. Lorsqu'Elsa accepte enfin ses pouvoirs magiques, elle "sort soudainement, ressemblant à une chanteuse country sur scène, comme Taylor Swift," dit Orenstein.

1) Il faut éviter ces apostrophes qui se substituent à des guillemets.

2) La caractéristique du je-ne-sais-quoi (ou froid), c’est que nul ne peut le préciser, de sorte qu’aucun accord sur sa nature n’est possible.

3) La virgule doit se trouver après les guillemets.

4) Comme indiqué précédemment, on ne désigne pas une femme en ne mentionnant que son nom de famille.

5) La formulation n’est pas heureuse.

6) Il fallait éviter de se laisser influencer par l’original.

7) L’article ne permet pas de savoir de quel « effort » il s’agit. L’adjectif démonstratif s’imposait.

8) En français, on n’utilise pas le mot « effort » pour désigner une activité quelconque. Il faut être précis.

9) Cette préposition est trop vague ici.

10) On voit mal ce que peut être une séance photo « détaillée ».

11) Le mot juste est ici « conte ».

12) A quoi se rapporte cette date ? Il faut préciser.

13) Je ne pense pas que l’expression « en devenir » puisse être utilisée ici. Citons le dictionnaire de l’Académie : « Loc. En devenir, en cours de réalisation. Un projet, une œuvre, une entreprise en devenir. »

14) Anglicisme.

15) L’enclitique « ne » s’impose.

16) Il est plus naturel d’écrire « Sa sœur Anna ».

17) Faux ami.

18) « soi-même » : troisième personne du singulier ; « vous » : deuxième personne.

19) Trop littéral.

20) Le traducteur s’écarte sans raison de l’original.

21) Eviter les tournures vagues telles qu’ « il y a ».

22) Encore une formule passe-partout à éviter.

23) Trop littéral.

24) Le style de cette phrase entre guillemets est franchement moche.

25) Mal traduit.

26) « Hot » n’est pas traduit.

C

Effet boule de neige

Il faut bien admettre que La Reine des neiges a un certain « je-ne-sais-froid ». « Selon moi, l’attrait du film tient à la magie des personnages », dit Lisa Rosenberg, qui a passé des semaines à reconstituer avec une minutie maniaque le costume de la princesse Anna, avant d’immortaliser son œuvre au cours d’une longue séance photo. « C'est le lien qu'ils ont avec moi qui me donne envie d'être eux », ajoute-t-elle.

Le film, basé sur un conte de Hans Christian Andersen écrit en 1845, présente des héroïnes captivantes, qui font face à des dilemmes très contemporains. Elsa, la future Reine, possède le pouvoir de commander à la glace et à la neige, mais tous ceux qu'elle aime lui disent de le cacher, de peur qu'elle ne détruise le royaume. Sa sœur Anna n'a aucun don surnaturel, mais est tellement dévouée à sa grande sœur qu'elle déboule comme une avalanche chaque fois qu’Elsa se trouve dans une situation difficile. L’histoire met en évidence la nécessité d'être soi-même (même si l’on n’est pas compris par sa famille) et l'importance des liens entre sœurs. Un prince charmant fait bien entendu son apparition, et l’intrigue met l’accent sur le pouvoir de l’amour authentique, mais ces thèmes ne sont pas traités selon les codes auxquels nous a habitués le studio qui a produit des classiques tels que La Petite Sirène et La Belle au Bois Dormant.

Peggy Orenstein, l'auteur de Cinderella Ate My Daughter (Cendrillon a mangé ma fille), (1) et d’autres commentateurs sont d’accord : les producteurs « ont manifestement tenu compte de préoccupations féminines », dit-elle. Elle s’en félicite, même si elle n’apprécie guère que, lorsqu’Elsa assume enfin ses pouvoirs magiques (2), elle se met à se comporter comme une star. En effet, « on dirait tout à coup une chanteuse country sur scène, qui n’a rien à envier à Taylor Swift », dit Peggy Orenstein.

1) Il semble bien que ce livre n’a pas été traduit en français.

2) Pour traduire cette phrase, j’ai emprunté à la phrase suivante.



3 commentaires:

  1. Jean-Paul Deshayes25 mars 2014 à 14:29

    Très intéressant une fois de plus. Le corrigé est riche en trouvailles de traducteur (minutie maniaque, dilemmes très contemporains, etc.) . Suggestion : peut-être « déclare » plutôt que « dit ». Exemple « … déclare Lisa Rosenberg » « fait remarquer Peggy Orenstein. »

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  2. J'ai écarté "déclare" car ce verbe me semblait un peu trop formel. En revanche, j'aurais sans doute dû utiliser "fait remarquer", mais je n'y ai pas pensé.

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  3. Dans les textes anglais, la répétition de « says » « said », m’a toujours exaspéré. Dans mes traductions, j’ai effectivement recours à « déclare/ a déclaré » « fait remarquer » « comme le souligne/ l’explique », « poursuit-il, » etc. d’autant plus que le français ne distingue pas entre « dit » (présent de l’indicatif) et « dit » (passé simple). Également « ….. » : c’est en ces termes que X….
    Dans la mesure du possible, je supprime carrément les « says », « said » s’il n’y a pas d’équivoque sur l’identité du locuteur, les guillemets indiquant clairement qu’il s’agit d’une déclaration/énonciation. Le texte s’en trouve allégé.

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