Cet article a été rédigé par Jonathan Goldberg, avec la collaboration de René Meertens.
Les traductions de l'expression anglaise « to table a motion » qui figurent dans le dictionnaire Babylon.com, à savoir « déposer une proposition, proposer une motion », sont-elles exactes ?
Les Anglais répondraient à cette question par l'affirmative, alors que les Américains soutiendraient que ce dictionnaire se trompe, parce que la bonne traduction est « annuler ou retirer une proposition ».
L'explication de cette différence transatlantique est qu'aux États Unis et en Angleterre, l'expression « to table a motion » a des significations opposées.
« The Origins of the Specious », livre sur les étymologies erronées dont le titre est un jeu de mots fondé sur « The Origin of the Species » (« L'origine des espèces » de Darwin) et qui a été écrit par deux Américains, fournit l'explication étymologique suivante:
« Au XVIIIe siècle, l’expression « to lay on the table » pouvait signifier soit présenter, soit reporter. Au XIXe siècle, les Britanniques avaient gardé l’une de ces significations et les Yankees l’autre. En conséquence, le verbe « to table » avait deux sens différents de part et d’autre de l’Atlantique. »
Winston Churchill, dans le volume 3 de son livre The Second World War, raconte :
« Dans toutes les discussions entre Britanniques et Américains, le fait de disposer d’une langue commune était évidemment un énorme avantage... Un jour, l’état-major britannique établit un document qu’il voulait soumettre d’urgence et informa son homologue américain qu’il souhaitait "to table it." Pour les Américains, to table a paper signifiait mettre un document dans un tiroir et l’oublier. Il s’ensuivit une discussion longue et même acrimonieuse avant que les deux parties comprennent qu’elles voulaient en fait exactement la même chose. »
Ce récit sur la confusion créée entre les alliés anglo-saxons de la Seconde Guerre mondiale par une expression qui avaient deux significations opposées rappelle une boutade faussement attribuée au même Churchill, mais qui est probablement due à l'auteur irlandais George Bernard Shaw (1942) :
« L’Angleterre et l’Amérique sont deux pays divisés par une langue commune. »
Cependant, Oscar Wilde, un autre Irlandais, avait déjà exprimé une idée semblable en 1887 :
« Aujourd’hui, nous avons vraiment tout en commun avec l’Amérique, sauf l’anglais bien sûr. »
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