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jeudi 3 mars 2016

De la difficulté (d’essayer) d’apprendre le polonais

Le présent billet est la traduction d'un article rédigé en anglais par Jacquie Bridonneau et qui a été publié il y a quelques jours sur ce blog.

Le moment venu, vous pourrez découvrir les autres traductions envisagées, des explications relatives à celles qui ont été retenues, et les principes de traduction mis en œuvre. Vous êtes donc invité à présenter vos commentaires, dont il sera tenu compte.

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Je devrais peut-être parler de l'apprentissage de n'importe quelle langue, mais il est particulièrement rebutant d'apprendre une langue assez « obscure » (sans vouloir offusquer les trente-neuf millions de Polonais) ; simplement, la majorité des personnes qui veulent apprendre une langue étrangère choisissent l'une des cinq langues les plus répandues, qui offrent le meilleur rapport utilité/effort d’apprentissage.

J'ai voulu essayer — et je dois insister sur l'importance de ce dernier verbe — d'apprendre le polonais il y a quelques années, quand je me suis rendue pour la première fois dans le nord de la Pologne, dans le cadre d'un programme d'échange que ma petite ville française avait mis sur pied avec une ville polonaise.

Une de mes connaissances avait participé à ce programme en sa qualité de membre du conseil municipal et était revenue enchantée ; elle m’a décrit un mariage polonais, les tables garnies de plats constamment renouvelés, l'hospitalité des Polonais, la culture et la beauté du pays, tant et si bien que lorsque j'ai pu participer moi-même, j'ai sauté sur l'occasion. Je me suis inscrite sans tarder à un cours de polonais en ligne, qui m'a appris les quelques mots que j'ai pu mémoriser et m'a aidée à prononcer ces mots qui vous font penser « Pourquoi n’y a-t-il pas de voyelles ? » et « Ma langue n’est pas assez souple pour prononcer ça. » J’ai essayé trois cours en ligne, acheté quelques livres et CD d’auto-apprentissage et pris des leçons sur Skype avec une jeune Polonaise qui faisait des études en France. J’ai donc utilisé plusieurs méthodes.

Etant américaine, je n’ai pas peur du ridicule, de sorte que j’ai bien entendu utilisé mes quelques mots de polonais à chaque occasion et, même si la communication était vraiment très élémentaire, je communiquais, beaucoup mieux que les autres membres de notre groupe français.

Mais, à l’instar de ce qui se passe chez les Marines où, quand l’affaire devient dure les durs s’affairent, l’apprentissage est devenu beaucoup plus difficile, car le polonais compte sept cas, les mots s’accordent en genre, en nombre et en cas avec le nom auquel ils se rapportent, les pronoms personnels sont omis car ils sont sous-entendus, et je ne suis jamais allée plus loin que le présent. Pour moi du moins, les cas sont extrêmement difficiles à comprendre car en anglais je ne pense pas qu’ils aient des incidences grammaticales, de sorte que la notion même de cas est difficile à appréhender. Cela dit, pour prévenir la maladie d’Alzheimer, il n’y a pas beaucoup de méthodes plus efficaces que l’apprentissage d’une langue étrangère, sans parler de la joie de comprendre une phrase et d’être capable d’y répondre.

Rien de tel que l’apprentissage de la langue d’un pays pour mieux le connaître : géographie, us et coutumes, culture et aliments. La Pologne n’aurait jamais figuré sur ma liste de pays à visiter avant de quitter ce monde, mais c’est un pays tellement beau et intéressant, un secret tellement bien gardé pour beaucoup d’entre nous en Europe, que le seul conseil que je puisse donner est de s’y rendre, car vous l’aimerez.

Une petite anecdote très amusante mais qui ne donne pas une idée juste de ma connaissance du polonais : la première fois que je me suis rendue en Pologne, j’ai été accueillie par une Polonaise et une autre famille polonaise qui servait de cicérone à une famille française. Liliane, qui voyageait avec moi, avait acheté un petit animal en peluche, un chat aux yeux fermés, à l’intention de la fille de sa famille polonaise. Quand je l’ai vu, j’ai dit « Kot śpi », ce qui signifie « le chat dort ». Tout le monde m’a regardée, comme pour dire « Ça alors ! Elle parle polonais et ne nous l’a pas dit ! » Bien sûr, j’avais atteint mes limites ! Mais arrive-t-il souvent de pouvoir placer une phrase telle que « le chat dort » dans le bon contexte et quand elle a du sens ? Non, bien entendu, mais j’y étais parvenue ! Par conséquent, si les difficultés sont réelles, il faut aussi mettre l’accent sur les joies qu’apportent l’apprentissage et l’utilisation d’une langue étrangère, quel que soit le niveau atteint.

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