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samedi 20 février 2010

Aide-de-camp (français)

Le présent billet a été rédigé par Jonathan Goldberg et traduit en français par René Meertens.

“Aide-de-camp” est l’un des mots français qui s’utilisent tels quels en anglais. Selon le Robert & Collins et d’autres dictionnaires français-anglais, “aide-de-camp” est un mot aussi bien anglais que français.

Selon Wikipedia, un aide-de-camp est un assistant ou un secretaire d’une personne de rang élevé, généralement un officier supérieur ou un chef d’Etat.

La traduction littérale d’aide-de-camp en anglais serait "camp assistant". On peut se demander pourquoi ce mot français est utilisé exclusivement dans les pays anglo-saxons, alors que l’expression “camp assistant” serait plus naturelle en anglais. Cela peut tenir au fait que ce mot appartient au langage de la diplomatie, dominé principalement par la langue française à une certaine époque.

Le professeur Dietrich Kappeler, ancien directeur de la Mediterranean Academy of Diplomatic Studies, rend compte comme suit de l’histoire des langues de la diplomatie :

“Il était un temps où les documents transmis d’un pays à l’autre étaient rédigés dans la seule langue véhiculaire d’Europe : le latin. Au dix-huitième siècle, le français était généralement considéré comme la langue de la diplomatie, au point que même les notes diplomatiques adressées au ministère britannique des Affaires étrangères par la légation des Etats-Unis étaient écrites dans cette langue. Au vingtième siècle, l’anglais est devenu progressivement la seconde langue de la diplomatie, avant d’occuper la position dominante. Parallèlement, de plus en plus de pays ont tenu à utiliser leur propre langue dans la correspondance diplomatique et les documents diplomatiques conjoints."

("Texts in Diplomacy," Language and Diplomacy, Malta: DiploProjects, 2001)

Dietrich Kappeler signale ensuite que, lors de sa création, l’Organisation des Nations unies a reconnu cinq langues officielles (anglais, chinois, espagnol, français et russe), auxquelles s’est ajouté par la suite l’arabe en vertu d’un accord informel.

Céline Graciet, traductrice anglais-français, a fait observer ce qui suit dans un article de son blog Naked Translations intitulé Langue et diplomatie : 

“De nos jours, même si le français a perdu de son prestige, le vocabulaire diplomatique anglais est toujours hanté par de nombreux fantômes français : regime, coup, etiquette, rapprochement. J'imagine que ces mots ont survécu parce qu'ils n'ont pas d'équivalent en anglais. »



Portrait d’Alexander Lanskoy, aide-de-camp de l'impératrice Catherine II de Russie, 1782, Russia (source : Wikipedia)

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