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jeudi 24 septembre 2009

Désert, J. M. G. Le Clézio, Gallimard (suite)

[Contexte : le traducteur et le lexicographe doivent lire]

Ayant repris ma lecture, je relève assez rapidement une phrase critiquable :

« Il y a les bâtiments des Glacières avec des grosses mouches bleues qui volent au-dessus des containers d’ordures en faisant un bruit de bombardiers. »

Etonnez-vous après ça que les gens écrivent mal !

Un peu plus loin, Le Clézio confirme qu’il connaît mal ou bafoue délibérément la règle de la virgule avant la relative :

« la mer est immense, bleu-gris, tachée d’écume, elle gronde en sourdine, tandis que les lames tombent sur la plaine de sable où se reflète le bleu presque noir du grand ciel. »

Poursuivons malgré tout. Contrairement au traducteur de textes utilitaires, l’écrivain peut utiliser des termes rares :

« [l’épervier] plonge vers la terre, les ailes étrécies »

Page 101, autre mot rare, aven, défini comme suit par le Petit Robert : « Orifice naturel creusé à la surface d'un plateau calcaire par les eaux d'infiltration. »

Deux pages plus loin, engoulevent (« Oiseau crépusculaire ou nocturne (caprimulgiformes), brun-roux, identifiable par son chant ronronnant, qui attrape et avale les insectes au vol. »).

Mais la lecture d’un roman fait plus que nous apprendre des mots rares. Elle ranime les braises de milliers de mots que nous n’avons pas souvent l’occasion de lire dans les textes technocratiques qui font notre quotidien :

« Au fond de la place, il y a un mur que Lalla connaît bien. Elle connaît chaque tache du crépi, chaque fissure, chaque coulée de rouille. Tout a fait en haut du mur, il y a les tubes noirs des cheminées, les gouttières. »

(à suivre)

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