En vedette

mercredi 11 avril 2012

Les mots « negro » et « nègre »


A propos de l'article Negro n’est pas nègreCelia Izoard m’a fait parvenir les observations suivantes et m’a autorisé à les reproduire.

Je suis tombée par hasard sur votre blog et je voulais poster un commentaire à votre article "negro n'est pas nègre" mais ça s'est avéré trop compliqué (il faut avoir un blog ou quelque chose comme ça, non ?). En tous cas, votre classification de "faux ami" m'a surprise car il me semble au contraire que nègre est une bonne traduction de negro.

Vous dites que negro n'était pas péjoratif en 1961, et c'est tout à fait vrai, il ne l'est devenu qu'après les années 70 (c'est Malcolm X je crois qui a commencé à prendre ses distances avec ce mot ; contrairement à l'ensemble du mouvement des droits civiques qui l'avait précédé). Mais si vous ouvrez un dictionnaire français de 1961, vous risquez de trouver que nègre n'est pas péjoratif non plus. Jusque dans les années 70, il était couramment employé de façon innocente (s'il existe une innocence de la langue, mais c'est une autre question...) par des tas de gens pas racistes ; tout un tas d'auteurs, par exemple, parlent de "nègre" sans connotation : Boris Vian, Léo Malet, pour ne prendre que quelques exemples que je connais. Ils parlent de "nègres" comme on parle aujourd'hui de "noirs". Le terme nigger, en revanche, a toujours voulu dire "sale nègre" ou "bicot".

Donc dans la traduction, si vous voulez rendre le ton de l'époque, coller au contexte historique, vous traduirez il me semble negro par nègre. Si vous voulez au contraire rendre le texte plus facilement accessible en l'actualisant (ce qui peut arriver), vous traduirez negro par noir.

Je traduis des textes sur le mouvement noir-américain et me suis penchée sur cette distinction, c'est pourquoi j'ai été frappée par votre qualification de faux-ami.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire