Dans
La traduction dans les dictionnaires
bilingues (1), Lynne Franjié estime que mon Guide anglais-français de la traduction (2)
n’est pas à
proprement parler un dictionnaire bilingue pour traducteur. Cette opinion m’a
interloqué, car il me semblait avoir établi justement un tel dictionnaire.
On m’objectera que je ne l’ai
pas appelé « dictionnaire » mais « guide ». En fait, j’ai
choisi « guide » pour éviter que les éditeurs d’ouvrages para-universitaires
ne me disent « Nous ne publions pas de dictionnaires. » Je ne
souhaitais pas que l’éditeur publie l’ouvrage sous le titre que je lui avais
moi-même proposé (!), mais c’est pourtant ce qu’il a fait, après avoir, Dieu
soit loué, renoncé à un titre de son cru : « Dicoguide : traduction anglais-français ».
Le bon titre aurait été « Lexique
des difficultés de la traduction anglais-français ».
Et là, Lynne Franjié
marque un point : le guide n’est pas un dictionnaire mais un lexique, dans
la mesure où il ne reprend pas tous les mots de la langue, mais uniquement ceux
qui posent des problèmes aux traducteurs.
En
outre, le guide est axé sur ce que j’ai appelé la « traduction utilitaire »,
c’est-à-dire non littéraire, dans La Pratique de la traduction d’anglais en français. Or un vrai dictionnaire
aborde tous les registres d’une langue.
Cependant, Lynne Franjié mentionne que le traducteur ne consulte pas un dictionnaire pour connaître le
sens des mots. Il sait qu’armadillo signifie tatou. N’admet-elle pas ainsi implicitement
que le dictionnaire du traducteur est nécessairement sélectif ?
Certes,
le mot armadillo est sans doute mal
choisi. Prenons plutôt le mot cat. Si
le traducteur sait qu’il signifie chat,
ce mot entre dans des expressions que le dictionnaire du traducteur doit
aborder. Ainsi, même mon guide mentionne les expressions cat’s cradle, let the cat out of the bag et the cat is out of the bag.
Le
dictionnaire pour traducteur cher à Lynne Franjié serait-il très différent de mon guide ? Sans doute, mais il serait deux
fois plus lourd, trois fois plus cher et beaucoup moins maniable. Cependant, une
version électronique représenterait peut-être une solution pragmatique. Encore
faudrait-il trouver un auteur.
(2) René Meertens, Guide anglais-français de la traduction, Chiron, 2012.
(3) René Meertens, La Pratique de la traduction d’anglais en français, Chiron, 2011.
Et c'est justement pour cette raison que votre Guide nous est tellement cher! Les mots, forcément si on est traducteur, on les connaît, mais ce sont les expressions qui peuvent poser des problèmes qui sont traitées dans cet ouvrage.
RépondreSupprimerEt "Lexique des difficultés de la traduction anglais-français" aurait en fait été le titre le plus juste.
Mais qu'importe le titre - le principal c'est de l'avoir sur notre bureau!