A mon avis, cette philosophie de la vie est beaucoup plus américaine que française, car en France on est protégé par un système public bien développé et coûteux de services sociaux, qui en général ne nous incite pas à faire "notre propre limonade". Celle-ci nous sera servie par des indemnités de chômage, des aides de l'administration locale, des allocations familiales et des primes pour les salariés. Le choix est presque infini et change tout le temps, car dans l'ensemble ces programmes n'ont pas réussi à ramener les enfants dans le système scolaire, ni à procurer des emplois aux adultes de façon à ce que l'Etat dispose de plus d'argent, notamment pour réduire ses dettes.
Les Américains sont souvent enclins à lire des livres ou des articles grâce auxquels ils peuvent s'en sortir par eux-mêmes ou améliorer leur comportement (ce qu'ils appellent des self-help or self-improvement books or articles). Ces derniers peuvent porter sur la maîtrise de la colère, les troubles du comportement alimentaire, le développement professionnel, la famille recomposée, la communication et la santé, pour ne mentionner que quelques sujets abordés. L'intérêt de ces livres est bien entendu très subjectif et ceux-ci ne peuvent remplacer les conseils de professionnels, même si en fait ils le font souvent, mais ce qui compte à mon avis, c'est que la personne qui a un problème tente de le résoudre en commençant par acheter un livre. De cette façon, on peut dire qu'elle essaye de faire sa propre limonade.
En France, où les soins médicaux sont largement disponibles et bon marché, la solution unique à de multiples problèmes consiste à consulter un généraliste, qui prescrit des médicaments presque intégralement remboursés à ceux qui disposent d'une bonne assurance complémentaire, ce qui est le cas de la plupart des gens. Une personne en difficulté, loin de se prendre en main, adopte une attitude passive. L'aide n'est plus extérieure, lentement assimilée, mise en oeuvre, mais prend la forme d'une pilule ou deux avalées une fois par jour. Je ne parle évidemment pas de ceux qui souffrent d'un cancer, de troubles cardiaques ou d'autres maladies graves, qui doivent bien sûr être soignées, mais de la plupart des patients que l'on rencontre dans la salle d'attente des généralistes.
Je ne peux clore cette brève comparaison entre la France et les Etats-Unis sans écrire quelques mots sur les Japonais, qui ont perdu tant d'amis, de parents et de biens lors du récent tsunami. Nana-korobi Ya-oki (七転び八起き) signifie approximativement "tomber sept fois, se relever huit" et c'est exactement ce qu'ils font. Ils ne peuvent pas encore "faire de la limonade" mais il y viendront et ce peuple si digne dans son chagrin nous donne à tous une leçon de courage, qui devrait beaucoup relativiser nos petits problèmes.
Belle traduction! Merci!
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