Le présent article a été rédigé par Jacquie Bridonneau et traduit en français par René Meertens.
Je suis certaine que ceux d’entre vous qui ont abordé l’histoire des Etats-Unis à l’école ont entendu parler de la fameuse “Boston Tea Party”. Cet événement majeur des premiers temps de l’histoire de l’Amérique eut lieu en 1773 : un groupe appelé “the Sons of Liberty", constitué d’hommes déguisés en Indiens et dirigé par Samuel Adams et Paul Revere, jeta 342 caisses de thé britannique dans le port de Boston. Quel était le sens de cet acte et pourquoi est-il aussi important dans l’histoire de ce pays ?
Il s’agissait à l’origine d’une question économique. En effet, la British East India Company, qui avait cruellement besoin de capitaux frais, avait réussi à convaincre le Parlement britannique de la laisser vendre du thé aux colonies américaines, à des prix plus bas que ceux qu’offraient les marchands locaux et surtout en forçant les Américains à payer des droits d’entrée sans la moindre contrepartie. Tant et si bien que cette “tea party” fut l’un des événements qui déclenchèrent la révolution contre les Britanniques, car les Américains estimaient, à juste titre, que le Parlement britannique ne pouvait les taxer, dans la mesure où ils n’y étaient pas représentés.
Curieusement, l’expression “tea party” a été remise au goût du jour il y a un an environ. On l’emploie aujourd’hui quand un groupe proteste contre une taxe à ses yeux injustifiée ou une mesure politique quelconque. Sa renaissance date du jour où Rick Santelli, de CNBC, s’est livré à son "rant heard around the world" ("coup de gueule planétaire") au sujet du programme adopté par Barack Obama pour venir en aide aux propriétaires de logements qui ne pouvaient rembourser leur emprunt hypothécaire. Le President Obama est actuellement la cible de ces “tea parties", organisées dans diverses localités des Etats-Unis, généralement par des conservateurs, de simple citoyens qui veulent protester contre le sauvetage des banques et le projet de loi sur les soins de santé, qui reste très impopulaire.
Que se passe-t-il donc lors d’une “tea party” du XXIe siècle ? En France, nous manifestons volontiers, surtout dans les grandes villes, mais aux Etats-Unis les manifestations imposantes sont beaucoup moins fréquentes. Comme chez nous, les manifestants brandissent des pancartes. Ainsi, on a récemment vu des pancartes clamant "Les nationalisations sont du vol" ou "Klaxonnez si c’est moi qui rembourse les traites sur votre logement". Il faut savoir que, dans ce pays, on lit souvent, sur des autocollants apposés sur les pare-chocs, des phrases telles que “Klaxonnez si vous aimez Jésus” et, si quelqu’un klaxonne sur la route, il s’agit certainement d’un automobiliste qui partage vos convictions. Autre pancarte remarquée : "Je ne suis pas votre distributeur de billets !” Certains protestataires utilisent des mégaphones pour faire connaître leurs idées et, bien entendu, une profusion de drapeaux américains est de rigueur. Des informations sur ces “tea parties” sont diffusées sur Facebook, Twitter, YouTube et des blogs. Ces manifestations sont habituellement très bien organisées : elles commencent et s’achèvent à des heures bien précises, et l’on y sert parfois des rafraîchissements, mais généralement pas de thé !
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