En vedette

samedi 14 novembre 2009

Justify and other words

Le présent billet a été rédigé par Jonathan Goldberg et traduit de l'anglais par René Meertens

A Ford Hood, le Président Obama a prononcé un discours, dans lequel il a rendu hommage aux victimes de la fusillade de la semaine dernière et a notamment déclaré : « No faith justifies these murderous and craven acts ». Cette phrase est ambiguë. Elle pourrait signifier et, à mon avis, telle était l’intention de l’orateur, qu’il est un fait qu’aucune religion ne justifie (ou n’essaye de justifier) de tels actes. Cependant, des mots tels que « nothing justifies » s’utilisent généralement dans un sens différent, comme dans les exemples suivants :

« However much he insulted you, nothing justified your reaction. » Cette phrase peut être paraphrasée comme suit : « However much I agree that you had cause to be insulted, nevertheless you still did not have cause to react so strongly and therefore your conduct is unjustifiable .”

« However heinous a crime, the death penalty is never justified ». Voici une paraphrase possible : « Even in the case of such a heinous crime, nevertheless we still cannot (and should not attempt to) justify such a harsh punishment, because it is unjustifiable. »

Dans les exemples qui précèdent, lorsque l’énoncé commence par un terme négatif (insultes, crimes) et que le mot « however » annonce le contraste, celui qui parle exprime une opinion et non un fait.

Manifestement, le Président Obama ne voulait pas exprimer l’opinion selon laquelle « quel que soit le soutien que certaines religions apportent à des actes de violence, elles ne peuvent justifier un tel crime pour des raisons religieuses. » Il avait en réalité l’intention de déclarer que, dans les faits, aucune religion n’entend justifier des actes aussi odieux et lâches ». C’est ce qu’indiquent les mots précédents du discours (« This much we know: ») et la phrase suivante de ce dernier : « No just and loving God looks upon them with favor. »

TV Monde a rendu compte de ce discours comme suit : « Le président américain Barack Obama a rendu hommage mardi sur la base militaire de Fort Hood, au Texas, aux 13 victimes de la fusillade de jeudi, soulignant qu'aucune religion ne pouvait justifier ces actes “meurtriers et lâches”. »

Cela suggère que la religion en question aspire à justifier de tels actes mais que, de l’avis du Président, elle « ne pouvait » le faire. Il semble que le traducteur de TV Monde n’a pas établi la distinction nécessaire. Si l’on utilise l’outil de traduction de Google, la traduction de « No faith justifies these murderous and craven acts » est la suivante : « Pas de foi justifie ces actes meurtriers et lâches. » Il s’agit incontestablement d’une mauvaise traduction, en mauvais français qui plus est. « Aucune foi ne justifie… » serait du meilleur français, mais ne correspondrait pas à ce que Barak Obama voulait dire.

Enfin, le mot « craven » est un peu inhabituel dans ce contexte. L’adjectif utilisé le plus couramment pour qualifier des crimes est « heinous ».

L’American Heritage Dictionary indique l’étymologie suivante pour le mot « craven » : « Middle English cravant, perhaps from Old French crevant, present participle of crever, to burst, from Latin crepare, to break. The modern sense of the word is "cowardly" ». Selon le Free Dictionary, l’adjectif « craven » signifie « lacking even the rudiments of courage; abjectly fearful; [e.g. the craven fellow turned and ran; or “a craven proposal to raise the white flag”]; … lacking courage, ignobly timid and faint-hearted. » Le Reverso Dictionary traduit « craven » par « lâche ». Par conséquent, TV Monde et Google ont bien traduit « heinous and craven ».

Par ailleurs, il semble que ce terme sobre (craven), ne convienne pas pour exprimer l’indignation que suscite les actes criminels en question et que « heinous » aurait été plus approprié, de même que les mots « odieux » ou « atroces » si le discours avait été prononcé en français.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire