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mardi 13 octobre 2009

Cinq amoureuses, Saikaku Ihara, Gallimard

Il peut paraître étrange de trouver le compte rendu d’un livre japonais du XVIIe siècle dans un blogue consacré à l’anglais, au français, à la traduction et à la lexicographie.

Bien qu’il soit ici surtout question de traduction utilitaire, un traducteur ne peut se désintéresser de la traduction littéraire car, même s’il ne s’agit pas de sa spécialité, il est de temps en temps amené à en faire. En effet, si un congrès a lieu disons à Istanbul, nul doute que, dans la brochure remise aux participants, la ville, son histoire et ses trésors sont décrits dans l’introduction. A ne pas traduire comme un guide de prise en main d’imprimante !

Mais enfin, c’est traduit du japonais !

Oui, mais en français ! L’emploi de notre langue par le traducteur est forcément enrichissant, surtout s’il aborde des réalités qui ne nous sont pas familières.

Compte tenu des différences considérables de langue, de culture et d’époque, ce livre met bien en évidence les problèmes que rencontre le traducteur littéraire.

Comment rendre compte de notions qui n’ont pas d’équivalent dans notre langue ?

Edo est l’ancien nom de Tokyo. Faut-il écrire Tokyo ? Tokyo signifie « capitale de l’est » et cette ville ne porte ce nom que depuis 1868. Sous le nom d’Edo, Tokyo n’était pas la capitale. Ce serait un anachronisme que de traduire Edo par Tokyo dans un récit du XVIIe siècle. Une note du traducteur est donc indispensable.

Le traducteur a recours à un autre procédé pour certaines notions. Il utilise le mot en italique suivi d’une parenthèse pour traduire ronin (samurai sans maître).

Comment procéder pour des métaphores et dictons ? Traduire littéralement ? C’est la solution que retient en général Georges Bonmarchand, le traducteur, mais il ajoute souvent une note explicative.

Cependant, si l’on veut tout expliquer, le volume des notes risque de dépasser celui de l’œuvre proprement dite.
Prenons un exemple :

Finalement, sans qu’ils aient réussi à poser côte à côte les oreillers de leur union, le jour passa, que célèbre le poème sur la cueillette des nouvelles plantes printanières 28 ; puis, tout l’intervalle des neuvième, dixième, onzième, douzième, treizième jours, et jusqu’à la soirée du quatorzième, où l’on enlève les pins de la porte 29.

Sans les notes, on en est réduit à deviner. Malheureusement, ces notes sont en fin de volume, de sorte qu’il est fastidieux de les consulter. On peut en faire le reproche au traducteur ou à l’éditeur. Pour son confort, le lecteur est tenté de faire l’impasse sur les notes qui ne sont pas indispensable à la compréhension. Du reste, si tout est expliqué, ne perd-on pas les agréments du dépaysement ?

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