Après la loi de Gresham (« La mauvaise monnaie chasse la bonne »), la mienne : La mauvaise traduction chasse la bonne.
Je constate en effet que, lorsqu’une notion nouvelle apparaît, le plus souvent exprimée en anglais, quelques traducteurs proposent des traductions qui reposent sur de sains principes de terminologie, parfois même des néologismes de bon aloi.
Les journalistes ne l’entendent pas de cette oreille : ils trouvent autre chose et, immanquablement, c’est l’une des pires traductions qui s’impose. Ainsi le mot sustainable est-il presque toujours rendu par durable. Le développement durable, ça peut aller, encore que ce soit une expression assez peu heureuse, mais que dire des villes durables, de l’agriculture durable, de la recherche durable ?
La bataille était déjà perdue il y a dix ans lors de la parution de la première édition du guide. Cependant, le premier mot proposé dans cet ouvrage – et cela n’a pas changé – était viable.
Passons à emision trading. Il s’agit de la possibilité offerte à des entreprises très polluantes d’acheter à des entreprises qui polluent peu des droits d’émettre des quantités de gaz à effet de serre supérieures à celles qui sont autorisées. La bonne traduction est transactions sur quotas d’émission. Pourtant, c’est la mauvaise traduction qui acquiert droit de cité : échange de droits d’émission à l’ONU et échange de quotas d’émission dans l’Union européenne.
Or il ne s’agit nullement d’un échange, mot qui semble indiquer que l’on échange des droits ou des quotas contre d’autres droits et quotas. Le mot échange ne peut être utilisé dans le sens de commerce que s’il est au pluriel. Du reste, il ne s’agit pas à proprement parler de commerce. Les opérations en question s’apparentent à celles qui s’effectuent en Bourse, car il existe un marché de ces quotas. Ce sont donc des transactions.
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