Une centaine d’organes de presse francophones publient une dépêche AFP qui commente la garde à vue de Claude Guéant, proche de Nicolas Sarkozy.
J’y lis que « Les accusations d’un(1) financement libyen de la campagne 2007 de(2) Nicolas Sarkozy avaient vu le jour(3) entre les deux tours de la campagne présidentielle de 2012, lorsque(4) le site Mediapart avait publié un document évoquant un accord de la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer(5) M. Sarkozy, dont(6) ce dernier assure qu’il s’agit d’un faux. »
1. Dans la quasi-totalité des occurrences que me présente Google, l’expression « les accusations d’un » sont suivies d’un substantif identifiant *l’auteur* et non *l’objet* de l’accusation.
2. Pour la lisibilité du texte, mieux vaut éviter ces cascades de déterminants du nom (d’un … de … de).
3. « une accusation ... qui voit le jour », c’est singulier, comme formule : impersonnelle, déshumanisée, comme si l’accusation était animée d’une vie propre, voire d’une volonté propre.
Imaginez Zola titrant : « Une accusation voit le jour »… Voyez-vous comme cet animisme édulcore le propos ? L’accusation est isolée de son auteur : elle « voit le jour », comme par génération spontanée. Il n’y a plus d’accusateurs, il n’y a plus que des accusations.
On m’objectera que c’est peut-être une figure de style, que l’auteur rapporte de vagues rumeurs ou qu’il veut taire l’identité de l’accusateur… Mais justement, ce n’est pas le cas.
4. « Lorsque » c’est possible, je préfère remplacer une proposition subordonnée par un complément. Ça réduit le nombre de verbes, ça rythme la phrase et ça la raccourcit.
De plus, « lorsque » évoque plus la simultanéité qu’un point de départ. J’opterais plutôt pour « après », « dès », « à partir de » la publication…
5. Que de redites entre ces deux phrases
6. Quel est l’antécédent de ce « dont » ? Cinq possibilités : le site, le document, l’accord, Kadhafi, Sarkozy. Il faut poursuivre la lecture et tomber sur « ce dernier » pour éliminer l’antécédent Sarkozy, et sur « un faux » pour éliminer les antécédents Kadhafi et accord. Compliqué, non ?
Raccourcir cette phrase n’est pas facile, parce qu’elle contient de nombreuses informations importantes. Je pense pouvoir au moins la rendre un peu plus lisible.
Voici une première reformulation:
« Les accusations de financement libyen pour la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy remontent à 2012, entre les deux tours de la campagne présidentielle. Mediapart avait alors publié un document évoquant un accord de la Libye de Mouammar Kadhafi pour financer M. Sarkozy. Ce dernier assure qu’il s’agit d’un faux. »
49 mots au lieu de 55. J'ai simplement coupé cette longuissime phrase en trois.
Une deuxième, débarrassée des redites, donne ceci :
« Les accusations de financement libyen pour la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy remontent au deuxième tour des présidentielles de 2012. Mediapart avait publié alors un document, évoquant un tel accord, dont M. Sarkozy conteste l’authenticité. »
36 mots au lieu de 55.
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